Un deuxième poumon vert sur la ZAC St Sauveur

Conseil municipal de Lille

Madame le Maire, Mes chers collègues,

Vous demandez au conseil municipal de se prononcer sur le projet St Sauveur. Il y a ce que vous présentez, mais il y a aussi tout ce que vous ne dites pas Madame Aubry.
La réalité est la suivante :
- 2 400 logements en plus des 11 600 logements vacants de la Métropole, dont plus de 6500 dans Lille intra-muros.
- 40 000 M2 de bureaux en plus des 300.000 M2 vides existants.
- 30 000 M2 de commerces supplémentaires
- 6 000 voitures de plus qui vont aller et venir chaque jour grossir les bouchons qui coûtent déjà plus d’un milliard et demi d’€ par an à notre Métropole.
- Et tout cela pour à peine 4000 personnes qui auront le privilège de vivre en Centre-Ville.

Pour un tel projet, la loi vous oblige à mener une concertation publique. Ce que vous avez fait en 3 phases :
MARS 2013 / NOVEMBRE 2014 / ENFIN 2017.
En 4 ans, vous avez recueilli très peu d’avis de la population sur le sujet. Ce n’est pas très sérieux. Ce travail de concertation, dites-vous, a fait évoluer le projet. Certes. Mais vous restez sourde aux attentes profondes des Lilloises et des Lillois. Et vous restez sourde aux besoins réels de notre cité. Dans votre logique du passé, je le comprends. Vous avez d’ailleurs déclaré en début de semaine sur France Bleu Nord, je vous cite :
« MON SEUL SUJET C’EST FAIRE QUE LILLE RESTE A GAUCHE EN 2020. »

De quelle gauche parlez-vous Madame Aubry ?
La gauche des bouchons qui empêchent les salariés et les consommateurs d’accéder au centre-ville de Lille ?
La gauche de la pollution et de l’asphyxie du périphérique et des quartiers ?
La gauche du chômage à plus de 22% et des commerces qui ferment les uns après les autres ? De la rue Gambetta au quartier du Vieux-lille, c’est une véritable hémorragie commerciale parce que plus personne ne peut accéder aux commerces.

Si votre projet Saint-Sauveur est adopté, il va porter un coup fatal à toutes les activités du Centre-ville, sans parler de la santé des habitants et des enfants des quartiers populaires. Je ne comprends pas d’ailleurs la cohérence entre votre plan de circulation qui vise à diminuer la présence de la voiture à Lille et ce projet qui va considérablement accroitre sa présence en ville...

Nous vous proposons de réfléchir différemment et ensemble. L’enjeu nous dépasse tous ici. Il y va des 40 prochaines années. Le chantier tel qu’il est prévu aujourd’hui doit se terminer en 2030, si tout va bien... Jusque 2030, ce sera 13 ans de pollution supplémentaire au cœur de notre cité à cause d’un chantier où tout est à faire.
C’est totalement contradictoire avec ce que vous affichez partout.

A Lille, il y a un architecte qui a fait un travail très étayé en faveur de la création à Saint- Sauveur d’un second poumon vert pour notre ville, qui nous manque cruellement et en particuliers aux habitants des quartiers populaires de Moulins et de Fives. Il fait remarquer que Lille est, parmi les grandes villes de France, celle qui a le moins d’espaces verts, moins de 12 M2 par habitant et encore, y sont intégrés les cimetières de l’Est et du Sud qui sont bien évidemment des lieux de pique-nique et de jeux comme chacun le sait. 12 M2 de nature par Lillois à comparer aux 59 M2 pour chaque Bruxellois. Il n’est pas étonnant que notre ville soit la deuxième ville la plus polluée de France. Cet homme doit être écouté. Nous souhaitons que le conseil municipal puisse l’entendre, que les Lillois puissent l’entendre et qu’à la suite ils puissent être consultés par voie de référendum. Ce serait un signal fort de votre engagement de changer la Démocratie Participative.

Au-delà de nos divergences profondes, je voudrais vous proposer une démarche d’ouverture et d’écoute sur ce projet de parc boisé, sur ce projet de deuxième poumon vert pour notre ville et ses habitants.

Lille a besoin d’air Madame Aubry, Les Lillois ont besoin d’air. Laissez-nous respirer un peu. Laissez tomber cette idée folle du bétonnage de notre ville et laissez notre ville respirer un peu.

Chers Collègues, et je m’adresse notamment à mes collègues écologistes. Nous voulons une France durable. Nous voulons un Lille durable.

Madame Daleux, je vous interpelle personnellement, où serez-vous en 2030 le jour de l’inauguration de tout ce béton là où l’on aurait pu avoir 23 ha de nature ? Croyez-vous que l’enrichissement des entreprises de BTP soit un combat digne de vous ?
Je sais que vous avez reçu cet architecte. Vous aviez semblé convaincu par son approche. Aidez-moi, aidez-nous, aidez-le à présenter au Conseil Municipal son projet lors d’une prochaine séance. Les Lillois ont le droit de savoir qu’il y a d’autres solutions. Plus responsables. Plus durables.

  • Le vendredi 6 octobre 2017