Le covoiturage, une opportunité à saisir !

Conseil municipal de Lille

Madame le Maire, Mes chers collègues,

La stratégie destinée à faire évoluer les habitudes et organiser le déplacement des employés de la Mairie de Lille est louable mais elle est basée sur une étude non représentative de la population en raison :
1. du faible nombre de réponses obtenues (19%) (page 2 de l’annexe)
2. de la sur-représentativité de la catégorie A (31% des réponses pour un poids de 15% des effectifs) et de la catégorie B (26% des réponses pour un poids de 18% des effectifs) et la forte sous-représentativité de la catégorie C (43% des réponses pour un poids de 67% de l’effectif) (page 2 de l’annexe).

D’autre part, son interprétation montre de nombreuses incohérences comme :
1. le transport en commun a augmenté d’un tiers entre 2012 et 2017, alors que son coût a doublé, le prix d’un voyage en transports en commun passant de 1.05€ en moyenne en 2012 à 1,76 € en 2016 (page 15 du texte)
2. 68% de personnes ne sont pas intéressées par le covoiturage (soit 771 x 68% = 524) (page 8 de l’annexe) alors que le covoiturage n’est connu de 45% des personnes interrogées) (page 3 de l’annexe)

En ce qui concerne le covoiturage, les causes du non recours à cette pratique sont très imprécises et certaines relations de cause à effet sont discutables. En quoi avoir des horaires plus souples peut inciter à covoiturer ? (page 8 de l’annexe).

C’est très ennuyeux, car le covoiturage est le seul vecteur de transformation rapide et peu coûteux des habitudes de déplacement. Les transports en commun sont saturés et très coûteux pour la collectivité, chaque investissement nouveau est très lourd financièrement et très long à réaliser. D’autre part, plus on s’éloigne du centre, plus le maillage du réseau de transport en commun se détend et s’éloigne et moins il devient pertinent de les utiliser. C’est ce qui explique la progression de la voiture dans la Métropole depuis 2011 et la stagnation des transports publics.

En méconnaissant les besoins des utilisateurs, et en premier lieu, la gestion des extrémités du parcours c’est-à-dire, la distance entre le lieu où se trouve un passager et le point de prise en charge par le mode de transport choisi (ce qu’on appelle le premier « kilomètre ») et la distance entre le point de dépose par le mode de transport choisi et le point de destination final d’un trajet (dernier « kilomètre »), les solutions de covoiturage existantes ont montré leur inefficacité à réduire, de manière significative, les embouteillages.

La multiplication des initiatives en matière de covoiturage et d’offres combinées n’a pas connu plus de succès car, pour modifier le comportement des citoyens et les amener à covoiturer, il faut leur offrir des trajets de porte-à-porte. La clé est là.

Pour cela, il est nécessaire de maîtriser des technologies, dont certaines sont couvertes par des brevets.

On est loin de la mise au point de plateformes élaborées, en quelques jours, par des étudiants en informatique.

Au niveau mondial, le nombre de joueurs maîtrisant ces technologies se compte sur les doigts d’une seule main ce qui explique que, n’étant pas encore entré sur le marché, aucune solution n’a encore était mise en place dans aucune grande ville dans le monde.

Si la MEL ne saisit pas l’opportunité qui est à sa portée, ses lendemains risquent d’être difficiles. Vous avez Madame Aubry, en tant que Maire de la plus grosse ville de la Métropole et située au cœur de son système de communication, une responsabilité immense. Le covoiturage doit sortir de ses balbutiements et entrer dans l’âge adulte. Une application existe déjà : GOVOIT qui n’attend qu’une expérimentation à l’échelle de la Métropole pour trouver et prouver son utilité. Les élus de la commission d’évaluation à mi-parcours du Plan de Déplacement Urbain sont informés, mais rien ne bouge…

Il y a actuellement 1,1 personne en moyenne par véhicule circulant dans la MEL.

Si ce chiffre passait à 1,4, les bouchons disparaitraient.

  • Le vendredi 6 octobre 2017