Citéo, des bilans sociaux complaisants ?

Conseil municipal de Lille

Madame le Maire, Mes chers Collègues,

Je profite de cette délibération sur l’amélioration durable des logements privés pour évoquer la rénovation thermique effectuée dans le logement social de notre ville et qui m’a profondément choqué.

Comme le rappelait récemment Christophe Robert, le directeur général de la fondation Abbé Pierre : « La bonne réponse, durable, à la précarité énergétique, c’est (…) rénover « les passoires énergétiques ». C’est le véritable enjeu des années à venir. » En effet, selon l’observatoire national de la précarité énergétique, 12 millions de nos concitoyens sont touchés par ce problème en 2017.

Chiffre qui démontre son urgence mais aussi sa permanence, car l’objectif de rénover 500 000 logements par an a déjà 10 ans et n’a jamais été atteint. Depuis le Grenelle de l’Environnement, les choses ont bougé, mais pas à la hauteur des besoins.

La MEL et la ville de Lille participent à cet engagement auprès des propriétaires privés et des bailleurs sociaux. Et d’ailleurs, vous n’oubliez jamais, Madame Aubry, de le faire savoir à grand renfort d’opérations de communication.

Cependant, lorsque je demande aux services de la Ville de Lille de me fournir quelques éléments d’appréciations de ces projets, comme je l’ai fait auprès de ceux de la MEL ils me renvoient vers le Cabinet du Maire, faisant ainsi, d’une question technique, une affaire politique.

Nous avons obtenu en moins de 72h00 des réponses très claires de la part des services de la MEL. Il m’a fallu quelques appels seulement pour bien comprendre qu’à la Mairie de Lille, l’histoire serait différente.

Je ne comprends pas pourquoi une telle réticence et une telle opacité, Madame Aubry. Mais peut-être avez-vous une explication ? Pourtant ma démarche était simple : m’informer sur l’opération de rénovation énergétique « May Four 140 », rue Emile Vandenberghe dans le quartier Saint Maurice-Pellevoisin à laquelle la Mairie est associée et informer les services que cela se passe très mal.

Le Maitre d’Ouvrage est connu, il s’agit du bailleur Logis Métropole que vous devez connaître, Madame Aubry.

Cette opération concerne 140 logements sur 4 barres construits entre 1975 et 1977 en dalles de béton recouvert d’un isolant à base d’amiante lui-même recouvert d’un parement de briques pour un coût de plus de 8,2 Millions d’€ dont une subvention de 700 000 € de la MEL.

Les travaux ont été confiés à l’entreprise CABRE et c’est catastrophique.

Non seulement, les locataires subissent ce chantier depuis le mois avril mais de plus dans des conditions épouvantables, (bruits permanents de marteau-piqueur, de scie électrique, de 7H00 du matin à 17H00 le soir dans ces caisses de résonnance que sont ces bâtiments en béton, poussières dues au déshabillage qui ont contraint les habitants à vivre tout l’été enfermés, terrés devrais-je dire, sans possibilité d’aérer à cause, justement de la toxicité de ces poussières, certaines personnes âgées sont même restées dans l’obscurité pendant trois mois entrainant des dépressions nerveuses, les retards qui s’accumulent suite aux incohérences multiples entre les sous-traitants et les corps d’états…).
Mais aujourd’hui, ils subissent en plus le froid de l’hiver dans des bâtiments sans isolation, elle n’est toujours pas faite, les fenêtres ont été changées en partie mais pas l’isolation de l’encadrement, bref, les locataires vivent dans un frigo aujourd’hui alors qu’ils étaient dans une étuve en été. Pour tenter de maintenir une température décente, les locataires poussent les radiateurs électriques à fond… Les locataires sont à bout nerveusement et financièrement.

L’incohérence et les retards sur ce chantier peuvent s’expliquer. D’abord, c’est une véritable « tour de Babel » : les nationalités les plus diverses y sont présentes et pas uniquement en travailleurs détachés, puisque Syriens, Afghans et Pakistanais ne sont pas membres de l’Europe… Enfin, aux dernières nouvelles.

Toute cette diversité ne doit pas facilité la communication. La clause « Molière » ne s’y applique pas. Ensuite, on peut légitimement se demander si l’entreprise CABRE a le savoir-faire pour un tel chantier.

Sans vouloir poursuivre la litanie des réclamations, que je tiens par ailleurs à votre disposition, la Ville de Lille a le devoir de le faire avant que l’on ait une catastrophe.

Je me suis rendu plusieurs fois sur ce chantier, j’y ai rencontré les habitants concernés. Probablement informé de notre présence, Logis Métropole, nous a envoyé plusieurs émissaires, dont un Responsable de projets Immobilier et la Responsable de la Communication du groupe. C’est vous dire l’urgence.

Je rappelle que les bailleurs sociaux comme n’importe quel propriétaire ont des obligations légales envers leurs locataires, notamment au titre de la loi du 6 juillet 1989, dans son article 6, leur imposent « D’assurer au locataire la jouissance paisible du logement et, sans préjudice des dispositions de l’article 1721 du code civil ».

L’entreprise CABRE, comme la loi l’y oblige, a contracté entre autre avec un COORDONATEUR SPS, un Bureau de Contrôle Technique, un BET (Bureau d’Etudes Techniques) et une entreprise en charge du diagnostic social du chantier.

Cette entreprise, bien connue de Monsieur de Saintignon, c’est CITEO, le deuxième pilier de « Médiation » dans notre Région qui a produit le « rapport social ». Je suis curieux de savoir ce qu’il y est écrit. Mais apparemment, les personnels chargés du diagnostic social du chantier n’ont rien vu ni rien entendu.

Cela mérite des explications, me semble-t-il.

Je crois que tout le Conseil Municipal partagera ma demande, ce délire doit cesser et les locataires au regard de la loi doivent être indemnisés du préjudice qu’ils subissent depuis 9 mois et doivent être remboursés de leur facture d’électricité.

Comme me l’a avoué le responsable chantier de Logis Métropole, cette rénovation n’avait pas de sens économique. Il aurait été préférable de détruire et de faire du neuf, cela aurait coûté moins cher et les locataires ne subiraient pas cet enfer depuis 9 mois.

Je vous remercie.

  • Le vendredi 8 décembre 2017