Budget : Manque d’ambition, ne prévoit aucune baisse d’impôts et ne règle en rien le problème de l’endettement

Conseil de la MEL

Monsieur le Président,

Mes chers collègues,

Nous avons à examiner le budget général, les budgets traitant des transports, des opérations d’aménagement et de l’action immobilière et économique mais aussi ceux consacrés à l’eau, à l’assainissement et aux crématoriums. En préalable, il faut remarquer l’étrange répartition des compétences entre les collectivités territoriales et leurs regroupements, résultat de plusieurs lois dont la dernière est très récente. Il y a près de 50 ans, Georges Sueur, dans un ouvrage célèbre, dénonçait « la métropole en miettes » l’excès d’intercommunalité actuel complique la démocratie participative. Comment un habitant va réagir quand on lui explique par exemple que la propreté de la rue est compétence du Maire mais que l’aménagement du trottoir ou la pause d’un ralentisseur sur la chaussée dépend des autorités métropolitaines ?

On ne peut revenir toujours sur le passé, c’est vrai. Mais le passé c’est aussi pour notre Métropole une très mauvaise gestion financière qui malheureusement ne s’améliore que trop lentement ; et cette situation va encore peser lourdement sur notre avenir en limitant les investissements nécessaires pour faire de notre territoire une grande métropole prospère et rayonnante !

Le rapport consolidé sur les 7 budgets proposés témoigne de deux faits préoccupants : une épargne brute qui stagne voire diminue cette année d’une part et une dette considérable qui augmente encore cette année d’autre part.

L’épargne brute au BP 2018 est de 282 millions d’euros en baisse de 8millions par rapport au BP 2017. Cette situation s’explique en partie par une légère hausse des dépenses réelles de fonctionnement qui sont de 1133 millions d’euros au BP 2018 alors qu’elles étaient de 1127 millions d’euros au BP 2017 à périmètre équivalent. Ces chiffres montrent que l’effort nécessaire pour réduire l’encours de la dette n’est pas encore atteint. Or celui-ci est considérable : 1 milliard 584 millions.

Entre 2002 et 2007 un effort de désendettement de 166 millions d’euros a été accompli mais au détriment des investissements annuels chutés en dessous de 250 millions d’euros. Ensuite en 10ans, entre 2008 et 2018, les investissements annuels sont restés supérieurs à 300 millions d’euros mais l’effort de désendettement n’a été que de 81 millions d’euros

Que constate-t-on ? D’abord qu’une dette considérable perdure et ensuite que les maigres efforts de désendettement n’ont été faits qu’au détriment de l’investissement ! En 15 ans, les exécutifs de la Communauté Urbaine puis de la Métropole ont payé environ 1 milliard d’euros de frais financiers, se montrant incapables de régler le problème de la dette.

Et cette dérive continue puisqu’en 2018 l’encours de la dette va ré-augmenter par rapport à 2017. Ce fait est expliqué, dans le rapport consolidé, par le rachat de la Valeur Nette Comptable de la CSP Transports. Cette explication un peu brève mériterait d’être clarifiée mais de toute manière la hausse de l’encours de la dette est actée au BP 2018 !

Nous sommes donc condamnés à payer encore pendant des dizaines d’années des frais financiers qui ne peuvent que s’élever puisqu’actuellement les taux d’intérêt sont au niveau le plus bas.

Nous ne pouvons qu’être inquiets pour l’avenir car cette détestable situation financière ne pourra que freiner les investissements nécessaires au développement de la Métropole. De plus son Exécutif, englué dans la problématique budgétaire ne semble pas enclin à développer une vision à long terme d’une Métropole qui devrait justement devenir prospère et rayonnante

Les principales politiques publiques sont freinées par le manque de moyens. La première de notre point de vue à savoir le développement économique, l’emploi et la recherche ne dispose en 2018 que de 87 millions d’euros. Les crédits affectés à l’espace public et à la voierie passent de 100 millions d’euros en 2017 à 105 millions d’euros alors qu’il y a dans de nombreuses communes des listes d’attente pour des travaux attendus par les habitants ; et ceux affectés à l’aménagement du territoire et à l’urbanisme sont même en légère diminution.

Si les 2,7 millions d’euros affectés à la piscine olympique métropolitaine sont une bonne chose même si nous sommes pas d’accord avec l’emplacement, les autres crédits consacrés au rayonnement de la Métropole sont limités et témoignent du manque d’ambition et de vision à long terme.

Il est à regretter de ce point de vue l’abandon des projets d’agglomération de la Métropole qui permettaient d’exprimer des objectifs à moyen terme, d’y affecter des moyens et de faire participer les habitants par le canal du conseil de perfectionnement. Il serait bon en tout cas de préparer les futurs contrats de Plan et programmes européens qui seront mis en place sans doute en 2021 à l’expiration de l’actuelle période de contractualisation qui se termine en 2020.

En conclusion nous ne pouvons approuver de tels budgets qui manquent d’ambition, ne prévoient pourtant aucune baisse d’impôts et de plus ne règle en rien le crucial problème de l’endettement. Mais peut-être, est-ce pour l’Exécutif le prix à payer de sa majorité, celle du passé.

Je vous remercie.

  • Le vendredi 15 décembre 2017